
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le SPW Économie met en lumière la dynamique croissante de l’entrepreneuriat féminin en Belgique. Malgré des avancées significatives, des défis persistent et nécessitent un accompagnement adapté pour permettre aux femmes de se lancer et de prospérer dans leur activité indépendante.
Si les femmes restent globalement moins nombreuses à exercer une activité indépendante et gèrent souvent des entreprises de plus petite taille que leurs homologues masculins, la tendance évolue rapidement. En 2023, la proportion de femmes parmi les indépendants atteint 35,6 % contre 33,4 % en 2007, témoignant d’une dynamique de croissance notable.
Un essor chiffré et des tendances encourageantes
- Une progression constante : En 2023, 454 874 femmes exercent en tant qu’indépendantes ou aidantes, dont 94,2 % à titre principal. Par ailleurs, entre 2022 et 2023, la croissance du nombre de femmes indépendantes s’élève à +2 %, contre +1,6 % chez les hommes.
- Des secteurs d’activité caractéristiques : Les entrepreneures se concentrent principalement dans les professions libérales (198 228 femmes), le commerce (121 095) et les services (50 972).
- Un profil jeune et dynamique : Près de 75 % des femmes actives se situent dans la tranche d’âge de 30 à 60 ans, avec 12 % de moins de 30 ans et 23,9 % âgées de 30 à 40 ans, illustrant une relève pleine de promesses.
- La Belgique, bon élève européen : Le taux d’entrepreneuriat des femmes belges âgées de 18 à 64 ans est de 10,1 % en 2023, un chiffre supérieur à la moyenne de l’UE27 (9,3 %) et comparable à celui des Pays-Bas, bien que toujours inférieur aux 17,1 % enregistrés chez les hommes.
Ces évolutions soulignent l’importance de soutenir et de valoriser l’entrepreneuriat féminin pour bâtir un écosystème plus diversifié et inclusif.
Des spécificités et des défis persistants
Les chiffres révèlent également une réalité contrastée. En dépit de cette croissance, les entreprises créées et gérées par des femmes restent souvent de taille plus modeste et rencontrent des obstacles liés à la confiance en soi ou au syndrome de l’imposteur. 60% des femmes n’osent pas se lancer par manque de confiance en soi.
« Depuis l'enfance, les femmes ont intégré des mots et des phrases de leur entourage qui peuvent façonner une perception de soi diminuée, entraînant notamment un besoin de validation externe. Par ailleurs, les femmes ont plus tendance à s’occuper des autres avant de s’occuper d’elles. Ces fonctionnements entravent souvent leur capacité à s'investir pleinement dans leurs propres aspirations. Il est temps de reconnaître ce déséquilibre afin qu'elles puissent prioriser leur propre bien-être et leurs projets, sans se sentir coupables » explique Julie Denis, psychologue spécialisée dans le coaching des entrepreneurs.
D’autres obstacles freinent encore les femmes entrepreneures de Wallonie, tels que la prospection de nouveaux clients, la difficulté et/ou la peur de facturer ses prestations à leur juste valeur, l’absence de relations professionnelles et la gestion de la charge mentale.
Ces défis, bien que complexes, sont surmontables avec le bon soutien et les bonnes ressources. « Pour s'épanouir pleinement, les femmes peuvent mettre plusieurs choses en place. D’abord, se recentrer sur elles-mêmes, mettre l'accent sur leurs aspirations, leurs besoins et leurs valeurs, favorisant ainsi l'auto-validation plutôt que de rechercher une validation externe. Ensuite, elles peuvent adopter la méthode des 'petits pas' pour passer à l'action. Face à la complexité de la question de notre valeur et de notre position, avancer graduellement permet d'éviter la panique tout en nous permettant de découvrir ce qui nous convient réellement. L'action engendre la confiance en soi, créant ainsi un cercle vertueux d'empowerment féminin » commente Julie Denis. « Cependant, pour que ce changement se produise et que les femmes prennent leur juste place dans le paysage entrepreneurial, le soutien de l'entourage et des structures d'accompagnement est aussi crucial. C’est pourquoi des campagnes de sensibilisation comme celle développée par le SPW sont importantes et doivent continuer à être déployées, ainsi que l’accompagnement des porteurs de projets ».
Toutefois, l’augmentation de 50,5 % du nombre d’entrepreneures sur les 16 dernières années – comparativement à 36,8 % pour les hommes – montre que les femmes rattrapent progressivement leur retard, tant en valeur qu’en dynamique de création.
Des retours d'expérience
L'année dernière, nous avions organisé une table ronde réunissant plusieurs entrepreneures et cheffes d'entreprise. “Il est important d’être bien épaulé par son entourage lorsqu’on a des enfants en bas âge et qu’on occupe un poste à responsabilité. Je ne comprends toujours pas pourquoi le congé de paternité n’est pas aussi long que celui des mères en Belgique”, avance Amélie Matton, CEO d’Ecosteryl et mère de trois enfants de 9, 6 et 2 ans. “Il ne faut pas non plus hésiter à sous-traiter des tâches même si cela représente un certain budget‘”, conseille-t-elle.
Pour le CEO de la société montoise, devenir maman a changé sa manière de travailler, mais de façon positive. “Je voyageais énormément puisque j’ai créé le département commercial de l’entreprise, j’ai levé le pied dans les voyages et cela a été une opportunité puisque j’ai repris les département techniques. Cela m’a permis d’élargir mes compétences. »
Même son de cloche du côté d’Amélie Alleman, fondatrice de l’agence de recrutement Betuned qui a dû jongler avec son rôle de dirigeante et de maman, sans négliger ses responsabilités. “A un moment, nos bureaux étaient équipés comme une crèche car je n’avais pas trouvé de place pour mon bébé”, se souvient-elle en rigolant.
”Ce que j’aime en tant qu’entrepreneure, c’est la créativité dont je peux faire preuve tous les jours sans limites”, explique, de son côté, la jeune Margaux Brancart, cofondatrice de BCM2. “Il faut pouvoir dépasser ses peurs, croire en ses rêves et ses passions, malgré les nombreux obstacles sur le chemin”, témoigne Euphrasie Mbamba, fondatrice de la chocolaterie Sigoji. Béa Ercolini, fondatrice du cercle d’affaires féminin BeaBee, met en avant l’importance d’un bon réseau qui peut faire gagner un temps extrêmement précieux quand on rencontre les bonnes personnes au bon moment. “Une bouée de sauvetage qui m’a permis de casser les plafonds de verre et de franchir de nombreuses étapes”, confirme Euphrasie Mbamba. Toutes ces dirigeantes évoquent de façon unanime la ténacité et l’audace nécessaires pour réaliser leur projet et garder foi en leur passion, tout en montrant une certaine humilité dans leurs propos.
Le 1890.be, guichet des entrepreneurs
Fournir aux femmes entrepreneures les informations nécessaires sur les outils et les ressources disponibles en Wallonie pour les aider à concrétiser leurs idées d'entreprise est crucial. Trop souvent, les futures entrepreneures n’ont pas connaissance de l’existence de toute la panoplie de structures d’accompagnement, d’aides financières, de formations, de réseaux de soutien et autres ressources disponibles en Wallonie pour les aider à démarrer leur projet.
« Il existe une multitude d’outils proposés en Wallonie. La plateforme 1890.be constitue une ressource inestimable pour les entrepreneurs en Wallonie, offrant un guichet unique regroupant toutes les aides et les informations disponibles pour les entrepreneurs. Que ce soient des subventions, des chèques-entreprises, des formations, des services de mentorat, des programmes de soutien, … le 1890.be présente aux (futurs) entrepreneurs toutes les ressources nécessaires pour les aider à réaliser leur potentiel entrepreneurial. » explique Emmanuelle Gendebien, Head of Communication externe chez Wallonie Entreprendre.
« Nous croyons fermement au potentiel entrepreneurial des femmes en Wallonie. Briser les barrières et les encourager à se lancer, c’est une étape importante vers la création d'un écosystème entrepreneurial plus inclusif et diversifié. » conclut Lionel Bonjean, Directeur Général du SPW Économie Emploi Recherche.
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