La Wallonie a participé au 1er workshop US/UE sur le clustering

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de coopération conclu entre l’UE et les Etats-Unis en avril 2015, un premier workshop était organisé aux Etats-Unis du 17 au 19 novembre 2015. L’objectif était d’échanger les expériences en matière de politiques de clustering, de mapping des clusters et d’évaluation. La Wallonie, représentée par la Direction de la Politique Economique, a été invitée à y participer afin de partager son expérience en matière d’évaluation des politiques de clustering.

Le workshop a été introduit par le Professeur Michael PORTER ; celui-ci le qualifiant d’événement historique pour le développement de la politique des clusters, et appelant de ses vœux une poursuite régulière des échanges. Il a rappelé les fondements de l’approche, et ses bénéfices en termes de spill-overs, de développement des écosystèmes et d’efficacité des interventions publiques (policy mix cohérent). Il a insisté sur différentes notions : clusters locaux vs clusters compétitifs, importance des liens entre clusters pour stimuler la croissance, nécessité de se focaliser sur les domaines où on dispose de forces et potentiels. C’est dans cette optique que les travaux de mapping des clusters ont été développés aux Etats-Unis. L’objectif est de pouvoir développer des politiques bien informées (data driven), et de pouvoir détecter l’existence de clusters, dont on peut soutenir le développement par une politique appropriée (vs approche de création de clusters ex-nihilo ou technology-driven). Il a également insisté sur l’inclusivité : le soutien à la compétitivité doit permettre de créer des emplois, d’augmenter les salaires,…

La première session, qui s’est tenue à Boston (Harvard Business School) était dédiée au « cluster mapping » et aux outils de collaboration entre clusters. Elle a permis d’échanger les pratiques aux USA – précurseur en la matière – et en Europe. A noter que les outils développés au niveau européen (Observatoire Européen des Clusters) se sont basés sur la nomenclature US afin de permettre la comparabilité, malgré certaines limites des sources statistiques européennes. 51 clusters « compétitifs » ont ainsi été dégagés, sur base de la nomenclature US.

Parmi les points de discussion, un consensus se dégage sur la nécessité de fonder les stratégies de clustering sur des données solides, et un consensus entre acteurs quant au diagnostic posé. La capture des relations inter-industrielles est considérée comme un élément important. Différentes méthodes ont été évoquées à cet effet : input-output, mesure de la co-location de l’emploi industriel, similarité des inputs (matières premières ou compétences), données transactionnelles, données de sécurité sociale,… L’identification d’industries émergentes pose d’autres défis méthodologiques. Les politiques de clustering doivent venir en soutien des énergies entrepreneuriales, combiner les différents leviers pertinents et viser l’écosystème.

Les développements futurs de la plate-forme de collaboration inter-clusters UE ont également été exposés : amélioration de l’identification et du profilage des organisations de clusters, avec un focus accru sur les « innovation clusters », amélioration des spécifications pour la recherche de partenaires, développement des missions de matchmaking (entrantes et sortantes) et des événements de collaboration inter-clusters au niveau UE, signature de MoU avec des pays tiers.

La seconde session, qui s’est tenue à Washington, a traité des politiques de clustering et de leur évaluation.

Elle a permis de dresser un panorama assez complet de la politique américaine en matière de clustering. La nouvelle stratégie d’innovation américaine adoptée récemment par le Président Obama fait la part belle aux Clusters et aux écosystèmes d’innovation et industriels. Le cadre stratégique de la politique d’innovation est similaire à ceux usuellement développés en UE : investissement en R&D, éducation, infrastructures, accent sur la commercialisation, l’environnement entrepreneurial et réglementaire, soutien aux clusters,… L’Etat fédéral, sur base du constat que l’économie US se compose d’économies régionales dont les dynamiques en matière d’innovation sont diverses, développe des politiques de soutien aux efforts bottom-up des Régions. Il soutient notamment des ‘industrial manufacturing partnerships’ (24), dans des secteurs clés. Le rôle des acteurs régionaux est pleinement reconnu et est articulé dans un cadre d’action commun. L’approche est evidence- et data-based, mais aussi place-based, et vise à créer des partenariats et réseaux efficaces sur base d’incitatifs, dans un cadre compétitif. Le programme de clustering développé par la Small Business Administration (SBA) offre un soutien à 14 initiatives (pas de création de cluster mais soutien au développement des écosystèmes), via un mécanisme contractuel (500.000 € sur 4 ans, avec dégressivité). Le focus est placé sur l’identification et la réponse aux besoins non rencontrés.

Les outils UE, bien connus, ont également été exposés, de même que des expériences pratiques au niveau national (FR, DE) ou régional (Pays Basque). La ville de Hambourg, retenu comme région démonstrateur sur la politique de clustering a également exposé la méthodologie développée dans ce cadre, visant à établir des collaborations cross- clusters.

Lors de la session sur l’évaluation des politiques de clusters, différentes expériences et approches ont été exposées, dont celle de la Wallonie. Il ressort des points communs des différents exposés, notamment les questions liées à la complexité de la politique évaluée, de la collecte des données, de l’établissement des effets de causalité, des délais pour mesurer les impacts,… Plusieurs approches sont toutefois possibles, allant de l’enquête qualitative aux analyses économétriques.

Lors de la session de clôture, quelques pistes de poursuite des échanges ont été évoquées : exploration des voies d’amélioration du cluster mapping (notamment lien renforcé entre mapping statistique et des organisations de clusters), échanges de bonnes pratiques et peer reviews entre policy makers, développement de guidances pour l’évaluation des clusters, et d’indicateurs communs pour l’évaluation des initiatives de clustering, développement des collaborations transfrontalières, et utilisation des portails pour soutenir ces collaborations.

La collaboration US/UE sur le clustering est amenée à se poursuivre. La prochaine étape concrète sera l’organisation d’un matchmaking event dans le cadre de la Conférence d’Hanovre en novembre 2016.