Au cours des 5 dernières années, la Wallonie a en constaté une augmentation du nombre de femmes indépendantes de 14%, contre 8% chez les hommes. Cependant, les femmes entrepreneures rencontrent encore des obstacles significatifs dans leur parcours entrepreneurial. Conscient de ces défis et dans un élan vers un écosystème entrepreneurial plus inclusif et diversifié, le Service Public de Wallonie (SPW) lance une campagne ambitieuse visant à sensibiliser et à encourager les femmes à se lancer dans l'entrepreneuriat.
Presque 3 entrepreneures belges sur 10 sont wallonnes
« Entre 2021 et 2022, selon les chiffres de l’Inasti, on voit que la Wallonie a enregistré une évolution supérieure à la moyenne nationale (2,52%) avec une augmentation de femmes se lançant dans l’entrepreneuriat de 2,62%. Sur les cinq dernières années, l’augmentation du nombre de femmes wallonnes qui se sont lancées dans l’entrepreneuriat est de 14,19%, ce qui témoigne d’une croissance soutenue. C’est un chiffre positif et constant, qui montre que les femmes voient de plus en plus dans l’entrepreneuriat un idéal pour se réaliser et s’épanouir professionnellement » constate Lionel Bonjean, Directeur Général du SPW Économie Emploi Recherche.
Les croyances limitantes, un challenge prédominant

Cependant, malgré ces avancées, les femmes entrepreneures en Wallonie sont encore souvent confrontées à des difficultés sur leur chemin professionnel, telles que les croyances limitantes (manque de confiance en soi, de légitimé, syndrome de l’imposteur, …). D’ailleurs, 60% des femmes n’osent pas se lancer par manque de confiance en soi.
« Depuis l'enfance, les femmes ont intégré des mots et des phrases de leur entourage qui peuvent façonner une perception de soi diminuée, entraînant notamment un besoin de validation externe. Par ailleurs, les femmes ont plus tendance à s’occuper des autres avant de s’occuper d’elles. Ces fonctionnements entravent souvent leur capacité à s'investir pleinement dans leurs propres aspirations. Il est temps de reconnaître ce déséquilibre afin qu'elles puissent prioriser leur propre bien-être et leurs projets, sans se sentir coupables » explique Julie Denis, psychologue spécialisée dans le coaching des entrepreneurs.
D’autres obstacles freinent encore les femmes entrepreneures de Wallonie, tels que la prospection de nouveaux clients, la difficulté et/ou la peur de facturer ses prestations à leur juste valeur, l’absence de relations professionnelles et la gestion de la charge mentale.
Ces défis, bien que complexes, sont surmontables avec le bon soutien et les bonnes ressources. « Pour s'épanouir pleinement, les femmes peuvent mettre plusieurs choses en place. D’abord, se recentrer sur elles-mêmes, mettre l'accent sur leurs aspirations, leurs besoins et leurs valeurs, favorisant ainsi l'auto-validation plutôt que de rechercher une validation externe. Ensuite, elles peuvent adopter la méthode des 'petits pas' pour passer à l'action. Face à la complexité de la question de notre valeur et de notre position, avancer graduellement permet d'éviter la panique tout en nous permettant de découvrir ce qui nous convient réellement. L'action engendre la confiance en soi, créant ainsi un cercle vertueux d'empowerment féminin » commente Julie Denis. « Cependant, pour que ce changement se produise et que les femmes prennent leur juste place dans le paysage entrepreneurial, le soutien de l'entourage et des structures d'accompagnement est aussi crucial. C’est pourquoi des campagnes de sensibilisation comme celle développée par le SPW sont importantes et doivent continuer à être déployées, ainsi que l’accompagnement des porteurs de projets ».
Une table ronde inspirante

Afin d'inspirer des femmes à se lancer dans l'aventure, nous avons organisé une table ronde réunissant plusieurs entrepreneures et cheffes d'entreprise. “Il est important d’être bien épaulé par son entourage lorsqu’on a des enfants en bas âge et qu’on occupe un poste à responsabilité. Je ne comprends toujours pas pourquoi le congé de paternité n’est pas aussi long que celui des mères en Belgique”, avance Amélie Matton, CEO d’Ecosteryl et mère de trois enfants de 9, 6 et 2 ans. “Il ne faut pas non plus hésiter à sous-traiter des tâches même si cela représente un certain budget‘”, conseille-t-elle.
Pour le CEO de la société montoise, devenir maman a changé sa manière de travailler, mais de façon positive. “Je voyageais énormément puisque j’ai créé le département commercial de l’entreprise, j’ai levé le pied dans les voyages et cela a été une opportunité puisque j’ai repris les département techniques. Cela m’a permis d’élargir mes compétences. »

Même son de cloche du côté d’Amélie Alleman, fondatrice de l’agence de recrutement Betuned qui a dû jongler avec son rôle de dirigeante et de maman, sans négliger ses responsabilités. “A un moment, nos bureaux étaient équipés comme une crèche car je n’avais pas trouvé de place pour mon bébé”, se souvient-elle en rigolant.
”Ce que j’aime en tant qu’entrepreneure, c’est la créativité dont je peux faire preuve tous les jours sans limites”, explique, de son côté, la jeune Margaux Brancart, cofondatrice de BCM2. “Il faut pouvoir dépasser ses peurs, croire en ses rêves et ses passions, malgré les nombreux obstacles sur le chemin”, témoigne Euphrasie Mbamba, fondatrice de la chocolaterie Sigoji. Béa Ercolini, fondatrice du cercle d’affaires féminin BeaBee, met en avant l’importance d’un bon réseau qui peut faire gagner un temps extrêmement précieux quand on rencontre les bonnes personnes au bon moment. “Une bouée de sauvetage qui m’a permis de casser les plafonds de verre et de franchir de nombreuses étapes”, confirme Euphrasie Mbamba. Toutes ces dirigeantes évoquent de façon unanime la ténacité et l’audace nécessaires pour réaliser leur projet et garder foi en leur passion, tout en montrant une certaine humilité dans leurs propos.

Un mois de mars qui met en avant les femmes entrepreneures en Wallonie avec la campagne « Elle, c’est vous »
Pour renforcer la confiance en soi des femmes désireuses de se lancer dans l'entrepreneuriat, nous avons installé, partout en Wallonie et jusqu’à la fin du mois de mars, des affiches reprenant le slogan « Elle, c’est vous ». Elles se déclinent sous deux formes : des affiches miroirs, où chaque passante peut y voir son reflet, et d’autres mettant en lumière des femmes entrepreneures aux projets variés.

A l’aide de phrases inspirantes, les potentielles futures entrepreneures peuvent renforcer leur confiance en elles, s'identifier aux femmes qu'elles voient. Car si d’autres se sont lancées, pourquoi pas elles ?
Le 1890.be, guichet des entrepreneurs
Fournir aux femmes entrepreneures les informations nécessaires sur les outils et les ressources disponibles en Wallonie pour les aider à concrétiser leurs idées d'entreprise est crucial. Trop souvent, les futur.e.s entrepreneur.e.s n’ont pas connaissance de l’existence de toute la panoplie de structures d’accompagnement, d’aides financières, de formations, de réseaux de soutien et autres ressources disponibles en Wallonie pour les aider à démarrer leur projet.
« Il existe une multitude d’outils proposés en Wallonie. La plateforme 1890.be constitue une ressource inestimable pour les entrepreneurs en Wallonie, offrant un guichet unique regroupant toutes les aides et les informations disponibles pour les entrepreneurs. Que ce soient des subventions, des chèques-entreprises, des formations, des services de mentorat, des programmes de soutien, … le 1890.be présente aux (futurs) entrepreneurs toutes les ressources nécessaires pour les aider à réaliser leur potentiel entrepreneurial. » explique Emmanuelle Gendebien, Head of Communication externe chez Wallonie Entreprendre.
« Nous croyons fermement au potentiel entrepreneurial des femmes en Wallonie. Briser les barrières et les encourager à se lancer, c’est une étape importante vers la création d'un écosystème entrepreneurial plus inclusif et diversifié. » conclut Lionel Bonjean, Directeur Général du SPW Économie Emploi Recherche.